Le manoir de Pauline: répondre ou s'enliser

Pauline Marois devra expliquer comment le terrain de sa somptueuse demeure de l'île Bizard a été dézoné au début des années 90. Une disposition dans la Loi de Protection du territoire agricole, semble, selon la Gazette, avoir été habilement exploitée par le mari de Pauline Marois pour construire sur une terre agricole de l'Ile Bizard un somptueux manoir. Le dézonage a été refusé , pui un prête-nom de M Blanchet a déniché un vieil homme qui a prétendu avoir habité un chalet sans électricité , été comme hiver , jusqu'en 1978, même s' il avait une maison tout près depuis 1975. Cela conférait un "droit acquis" au terrain, qui a forcé la CPTAQ à dézoner.

Si l' ex influente ministre péquiste et son mari ont respecté la lettre de la loi, son esprit le fut-il aussi? Le PQ voulait-il vraiment permettre la construction de somptueux manoirs avec piscine et dépendances partout où il existait des "shacks" désaffectés en 1978?

Si la manoeuvre était limpide et correcte, pourquoi se servir d' un prête-nom pour acheter le terrain , le faire dézoner ,et le revendre à M Blanchet pour le même montant? Troublante aussi est l' allégation de la Gazette comme quoi le signataire de l' affidavit a reçu un cadeau en argent comptant peu après.

L'autre élément troublant, est l'utilisation très privée des terres publiques voisines du manoir. Le long chemin d' accès que vous voyez sur la photo satellite traverse, selon The Gazette, 6 acres de terres publiques acquises par le gouvernement pour relier l'autoroute 440 à la 40. Ce projet activé par les libéraux, fut stoppé par les péquistes. En vertu de quel document , signé quand , par qui, et à quel prix, a-t-on permis au couple de fermer l'entrée de ces terres publiques par une barrière électrique en fer forgé, et une haie de cèdres ? Encore là, c'est la moralité de la chose plus que sa légalité qui est en cause...

Pauline Marois a-t-elle participé aux décisions du conseil des ministres sur le projet de lien entre la 440 et la 40, un projet qui entamerait la zone tampon autour de son manoir et sa somptueuse entrée?

Elle doit répondre clairement à ces questions. Sa première réaction, menacer de poursuites le journal , refuser de rendre publics les documents sous prétexte de garder cela pour un hypothétique procès civil, est la mauvaise. Elle pourra peut-être fermer temporairement le placard dans lequel s'agite ce squelette, mais il risque de ressurgir.

Son prédécesseur, André Boisclair, s'était ainsi fait piéger en n'élucidant pas les circonstances de sa consommation de cocaïne. À tout bout de champ, l'affaire lui faisait de l'ombre...

Quant à la somptuosité de la demeure, elle serait moins choquante si mme Marois n'avait joué les modestes en présentant publiquement son humble chalet dans Charlevoix.